Mon avis sur Coeur du Sahel, de Djaïli Amadou Amal

La mère de Faydé ne veut pas qu’elle parte. C’est trop tôt. Elle est trop jeune. Et puis, sa présence est rassurante. Depuis la disparition du père (tué, enlevé, enrôlé par Boko Haram ?), sa fille est un soutien. Et une deuxième mère pour les petits. Mais comment refuser quand le dîner de toute la famille se résume à une poignée d’haricots ?


Pour Faydé, partir, c’est dire au revoir à sa famille et à son village. Mais c’est aussi caresser l’espoir d’avoir un pagne coloré tout neuf, comme celui de celles qui sont parties à la ville avant elle. Pouvoir ramener à manger, des bonbons, des cadeaux. Et peut-être aussi avoir des joues plus rondes, des estomacs pleins. Partir, c’est arracher un bout de liberté. Quel ado, de quelque contrée qu’il soit, la contredira ? Alors Faydé part. Elle se courbe pour balayer le sol, elle pliera devant les maîtres. Mais tentera de grappiller quelques compensations dans ce nouveau monde.


J’avais lu et adoré Les Impatientes, couronné par le Goncourt des Lycéens. Le livre racontait la vie d’épouses. Avec celui-ci, c’est à leurs domestiques qu’on s’intéresse. Cela donne une impression de continuité, même si on ne parle pas des mêmes familles. On retrouve la plume de l’autrice qui permet de se glisser au cœur de l’intimité des personnages. On connaît leurs espoirs, leurs craintes, leurs quotidiens. Leur part d’ombre et de lumière. Impossible de rester de marbre face à eux. C’est évidemment un grand oui.

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