
De la neige à perte de vue, des bottes fourrés et de hauts sapins verts saupoudrés de neige. Et le vent dru qui étouffe le silence. Le décor dans lequel Elle a grandi. Le paysage qu’elle quitte pour la capitale du Danemark. Cette autre partie du pays est recouverte de neige neige, mais c’est différent. Moins rude, moins imposante. Elle n’est plus Elle, Elle est la Groëlandaise. Il n’y a que quand on est loin de chez soi qu’on réalise combien on appartient à cette terre qui nous a portés. Son teint désormais plus foncé que celui des autres le lui rappelle. Finalement, l’ailleurs n’est pas l’eldorado qu’Elle espérait. Alors, Elle revient. Au moment où il faut panser les blessures de la famille de celle qu’Elle aime. Entre deux mondes, celui qu’Elle voulait fuir et dont Elle ne peut rompre le cordon qui maintient ce lien et celui fantasmé, Elle n’est plus.
À travers la plume propre au style nordique, l’autrice évoque avec finesse et sensibilité ces thèmes singuliers et universels, la fougue, l’envie de voyage, la résilience, l’appartenance à une terre, avec en toile de fond, la vague de suicides des jeunes Groëlandais, cette menace qui rôde et décime les familles. Ce n’est pas une enquête sur ce phénomène comme je le pensais, mais un récit. Elle est une funambule. Elle aurait pu glisser. Ces quelques millimètres qui font dévier un peu trop que ceux qui débarquent à l’adolescence, Elle s’en approche mais ils ne seront jamais franchis. C’en est presque hasardeux.
Très joli livre que les amateurs de ce style épuré apprécieront.
Vous l’avez repéré, lu, aimé ?