Que dire lorsque ses proches sont enfermés dans le ghetto de Varsovie puis déportés alors qu’on est en sécurité à l’étranger ? Rien, évidemment. Le Ghetto intérieur est le récit de ce silence, sans pathos.
Vicente est en Argentine, il a été heureux de rejoindre ce pays et de s’éloigner de sa mère poule. Qui n’a jamais été soulagé de prendre son indépendance et de partir à l’aventure ? Bien sûr, il donnera des nouvelles. Au bout de quelques semaines, les lettres se font plus rares. Lui qui souriait en voyant celles de sa mère qui en réclamait, donnerait n’importe quoi désormais pour quelques mots d’elle, depuis le ghetto de Varsovie. Il aurait dû la convaincre de venir en Argentine avec le reste de sa famille. Il ne l’a pas fait. Il aurait dû, il le sait et sa famille aussi. Mais comment imaginer ce qui est impensable ? La mort de millions de personnes qui se discutent en termes techniques dans un bureau ?
Parfois l’inquiétude et le culpabilité qui le rongent se trouent et la réflexion sur l’identité vient combler les trous. Lui qui s’est senti Polonais, Allemand, Argentin, est réduit à Juif. C’est sous ce seul spectre qu’on l’identifie désormais. C’est toute la détresse d’un homme que contiennent ces pages. Le vide et le silence. L’angle est intéressant, la réflexion sur l’identité, telle qu’on la ressent, telle que les autres la voient, aussi. L’errement du personnage est frappant.
En écrivant ces lignes, je me demande quel est l’intérêt de cette chronique. À l’image du personnage, aucun mot ne pourrait définir ou raconter le sentiment de culpabilité qui le saisit et la douleur qui nait en imaginant simplement être à sa place. C’est la lecture du silence.
[…] J’ai apprécié le roman graphique et ses dessins expressifs. J’ai aimé le parti pris du Ghetto intérieur. Je n’ai pas été franchement surprise par Ouverture à la française mais c’était une […]
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